lundi 11 avril 2011

Saint-Just

Donc désormais en France les femmes portant la burka dans la rue seront verbalisées et devront payer une amende ou effectuer un stage de citoyenneté.
Évidemment certains se sont élevés contre cette interdiction en invoquant la liberté de religion, d’expression, d’opinions et tout un tas de liberté que justement la burka viole…
Car finalement c’est là que réside toute l’ironie de cette affaire. La burka est un voile dissimulant intégralement la femme.
Déjà le titre ne peut que me faire dire que le monde a bien évolué ces dernières décennies car quand j’étais petite dans les années 70 et début 80 même, on parlait plutôt de  nu « intégral »
Autres mœurs, autre époque, maintenant le sujet qui secoue c’est le voile intégral!
Au-delà de l’ironie de l’identité sémantique il est navrant de constater qu’il s’agit bien d’un témoin de la société : la femme pouvait se dévêtir sans complexe (n’en déplaise certaines féministes, le droit de se dévêtir est aussi une liberté acquise pour la femme) et aujourd’hui il est nécessaire d’expliquer que de dissimuler une femme sous des tonnes de tissus est un frein à sa liberté!!!
Sérieusement?
On en est arrivés là?
Car il ne s’agit pas ici pour moi de liberté religieuse : il est question de combat politique. Aucun autre signe religieux ne suscite une telle lutte. Le combat se joue ici au niveau politique et ceux qui ne le voient pas devraient ouvrir grand leurs yeux sur le monde, le grand monde.
La burka est un étendard de l’islamisme politique, et la femme est la première victime collatérale.
Maintenant hormis les ignorants ou les lâches, tout le monde en est conscient; d’où la promulgation de cette loi et les débats qui ont lieu dans toutes les démocraties occidentales.
Cependant, bannir la burka met en lumière la principale faiblesse de toute démocratie, faiblesse inhérente à sa raison d’être: les ennemis de la liberté ont droit aussi à la liberté.
D’ailleurs ils ne s’en privent pas : recours, requêtes, manifestations et autres modes d’expression de contestation sévèrement réprimés dans les pays ou la démocratie reste à conquérir.
Requêtes et recours fondés bien évidemment sur l’atteinte aux libertés!
Mais cette situation ne peut que générer des scénarii a la Kafka : pour dresser un constat d’infraction, le contrevenant doit décliner son identité or ledit contrevenant ne peut le faire  sans se découvrir le visage, ce que justement la burka ne permet pas, donc le contrevenant doit se rendre volontairement au commissariat, ou pas…car si la personne voilée refuse de se dévoiler comment vont procéder les agents de police? Ils ont bien entendu reçu des instructions pour agir dans ces cas mais j’avoue ne pas envier leur position.
Bon l’idée de ce billet n’est pas d’épiloguer sur les implications pratiques de la loi mais sur les interrogations suscitées par la nécessité réelle ou fictive de la promulgation de cette loi.
Car la vraie question est : au nom du respect de nos propres libertés doit-on tolérer le voile intégral et tout ce qu’il implique ou doit-on l’interdire?
Doit-on protéger ces femmes contre elles même ou nous protéger  nous femmes occidentales?
Et puis, quid de ces femmes afghanes iraniennes et autres qui luttent pour leur liberté?
Ne méritent elle pas aussi d’acquérir la liberté de choisir? 
De choisir de vivre à visage découvert, d’être un individu à part entière dans la société et d’être reconnu comme tel?
De refuser d’être une ombre camouflée?
Comment est on passé du débat sur la pilule et l’avortement au refus pour certaines féministes d’interdire cette servilité vestimentaire?
Est-ce pour ça que les féministes des années 70 se sont battues? Pour que certaines femmes ne puissent s’émanciper et que la société civile prenne le relais de l’autorité masculine domestique en ne lui offrant pas un refuge?
Alors liberté ou pas pour les ennemis de la liberté?
Allez exprimez vous!

2 commentaires:

  1. Apparemment la loi n'est pas appliquée et ne le sera pas hier des journalistes ont fait l'expèrience et sont rentrés dans des magasins, banque, passés devant des policiers et rien!

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  2. j'ai oublié de préciser journalistes avec burka

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