lundi 30 mai 2011

Cachez donc cette femme

Lors d’une conférence d’ingénieurs iraniens, les cuisines ouvertes ou "cuisines américaines" ont été jugées non conformes aux lois islamiques car les femmes y sont exposées au regard des invités. Et la décision a été rendue par l’autorité suprême d’un ayatollah donc, il ne s’agit pas d’un canular mais bien d’une décision faisant jurisprudence…
Incroyable non?
S’il y a bien quelque chose qui unit les régimes totalitaires islamistes, c’est bien l’effort permanent de réduire les femmes au silence. Que ce soit en les dissimulant sous des tentures, en les privant de tout droit civique ou tout simplement de toute liberté.
Ainsi en Arabie Saoudite, une femme a été arrêtée pour avoir oser conduire une voiture. Franchement! Que croyait elle celle la? Faire un remake de Thelma & Louise? S’offrir une virée en solo? Interdit ça Madame! Manal al-Shariff, la courageuse aventurière est derrière les barreaux depuis une semaine et son avocat ne peut lui rendre visite. Malgré la bravoure de nombreuses femmes qui ont rejoint la campagne "Woman2drive", les autorités religieuses ont menacé les contrevenantes de mort et ont prévenu de ce que cette "conduite" ouvrait grand la porte au Mal.
Quelques minutes sur Twitter et les exemples fusent, ceux ci ne sont qu’illustratifs.
Sans pour autant être une féministe enragée, je ne peux m’empêcher de me questionner sur les motivations de ces messieurs ainsi que sur les conséquences de ces édits.
Concernant les motivations j’ai ma petite idée sur la question et Freud, je pense, aurait trouvé là un vaste laboratoire d’analyse. Car finalement quel peur motive ces hommes? Pourquoi refusent-ils avec tant d’acharnement une quelconque place aux femmes dans la cité? Pourquoi refusent-ils même de les voir dans leur cuisine? Par peur de la tentation. Car la femme incarne la tentation ultime, celle dont l’on doit s’écarter, le péché absolu.
Or se représenter la femme comme n’étant qu’une tentation permanent procède d’un certain mal être sexuel, il me semble…d’une peur diffuse d’impuissance…
Mais je ne suis pas psychanalyste…
En revanche je suis juriste de formation et je sais qu’écarter un individu en raison de son sexe de sa couleur de sa religion ou de son origine ethnique est unanimement banni de nos démocraties occidentales. Promulguer des lois ayant pour conséquence ou pour objet de réaliser cet interdit relève de la ségrégation.
Or dans ces régimes, comme l’Iran principalement, les femmes sont écartées de la vie politique, de la vie publique de la vie sociale. De la vie, tout simplement.
Il s’agit bien de ségrégation non?
De séparation, de développement séparé non?
D’apartheid non?
Oui les femmes vivent dans ces régimes une situation d’apartheid. Elles ne maitrisent pas leur destin, elles demeurent à la merci du patriarche qui a droit de vie ou de mort sur elles.
Même la conduite leur est interdite pour s’échapper de cet enfer.
Alors cette question ne devrait elle pas être inscrite au rang des priorités de l’ONU?
Ah mais j’oubliais! L’ONU a une agence en charge de la protection des droits des femmes.
Devinez qui en fait partie?
….

jeudi 19 mai 2011

Bonne Fête!

Non il ne s’agit pas de ma fête (quoi que ma fille a 3 mois aujourd’hui!) mais du titre d’un article que je voulais mettre en ligne il y a deux semaines…
Décidément le gouffre de la couche est abyssal..
« Bonne fête » portait sur la fête des mères et l’évolution de la condition de la mère, car finalement si le statut de la femme a évolué c’est surtout son aspect maternel qui a subi la plus importante transformation.
Ainsi le 8 mai dernier, le Canada célébrait toutes les mères
A cette  occasion quelques articles faisaient état dans la presse de la condition des mères aujourd’hui.
Si la plupart s’accordent à dire que le modèle traditionnel s’est profondément métamorphosé, certains sont même allé jusqu’à parler de guerre des mères.  Guerre entre la mère au foyer et la mère au bureau.
Je suis consciente qu’à la lecture de ces quelques lignes certaines et certains ont déjà lâché en se disant que mon congé maternité m’est monté à la tête et qu’il serait bien temps que je reprenne mon activité ou que je me concentre sur d’autres choses…(t’as pas du ménage à faire Myriam?Tu ne veux pas plutôt parler de DSK comme tout le monde?)
Certes.
Mais le sujet ne devrait pas être une préoccupation exclusive des femmes et des mères principalement. Il s’agit bien d’une question de société, du modèle de société que nous souhaitons. Et c est bien de cela dont il s agit dans ce blog, non? Et puis beaucoup d’études sont publiées sur le sujet or j’ai l’opportunité de vivre cette situation et de vouloir l’analyser de façon empirique, alors pourquoi pas?
Bon passons au cœur du sujet maintenant.
Mère au foyer ou mère au bureau? Ou si l’on accepte la question en ces termes : mère au service de ses enfants ou mère au service de sa propre ambition. Moi qui pensais qu’on avait avancé, je réalise qu’il n’en est rien.
Poser la question en ces termes renferme déjà en soi la réponse.
N’est-il pas possible de concilier les 2 options? De considérer qu’être une bonne mère passe par un épanouissement personnel?
Je lis (entre deux tétées…) beaucoup d’études réalisées et autres analyses faites sur la condition de la femme et bien évidemment le dernier livre d’Élisabeth Badinter (Le Conflit).
Cette dernière dépeint avec beaucoup de justesse les défis que les nouvelles mères doivent surmonter et la pression sociale qu’elles subissent. Chose intéressante, les femmes qui tentent de concilier les 2 aspects de leur féminité de façon équitable ne font pas l’objet de la plus grande attention.
Car finalement celles qui choisissent de se concentrer sur leur carrière et leur épanouissement personnel et celles qui décident de dévouer à l’éducation de leurs enfants ne subissent pas les mêmes contraintes que celles qui tentent de concilier les deux façons de vivre leur vie de femme.
Il est indéniable bien entendu que ces 2 catégories de femmes précitées subissent également une forte pression sociale qui condamne soit leur prétendu égoïsme, soit les dénigre pour leur soi-disant inactivité.
Mais la situation de celles qui veulent se battre sur tous les tableaux n’est pas plus enviable, car dans leur cas la pression sociale les contraint à exceller dans tous les domaines.
Et le pire c’est que cette pression est totalement intégrée par les femmes qui se considèrent investies d’une mission sacrée et se battent jusqu’à épuisement. Élisabeth Batinder les appelle les négociatrices. Celles pour qui chaque jour est un défi de temps, de compromis permanent. Celles qui arrivent aux fêtes d’école les dernières, le souffle court, persuadées d’avoir accompli un prodige, pensant déjà au retour au bureau et regardant d’un œil envieux celles qui, décontractées (au moins en apparence) occupent les premières places (car arrivées à l’heure) et qui partiront à la fin de la fête.
Celles qui ne peuvent être accompagnatrices pour les sorties de classes ou doivent prendre un jour de congé pour le faire en priant les microbes et autres bactéries friands des enfants de rester à distance de ses propres enfants non pas (uniquement) pour leur santé mais pour éviter de devoir s’absenter …
Ma génération issue des années 70 a pu être témoin privilégié de la toute première évolution des femmes. Il était totalement intégré que dans les écoles les filles étudient tout autant que les garçons afin de se préparer une carrière professionnelle indépendante de tout et tous.
Et c’est au niveau de cette génération que la situation a dérapé.
Qu’est ce qui a pris aux femmes de vouloir briller partout et de s’occuper de tout? Le projet féministe visait l’émancipation des femmes en leur offrant le choix de vivre les conséquences de leurs propres décisions, pas de les réduire en esclavage nerveux!
Et puis aujourd’hui face à ce constat dont je n’ai pas la primeur, pourquoi les organisations féministes ne prennent pas en charge cette question en cherchant des réponses? Pourquoi ne pas demander aux politiques de faciliter l’accès aux modes de (tout types de) garde d’enfants, dans les entreprises par exemple? L’équité salariale dont tout le monde parle, le quota de femmes dans les instances dirigeantes de la société (politique ou non), toutes ces questions devraient avoir pour objet de permettre aux femmes-mères de ne pas vivre cet état de choix cornélien permanent?
Car si toutes ces femmes baissent les bras et retournent à la maison pour s’occuper de leurs enfants exclusivement ou privilégient en mettant un terme à leur maternité, que se passera t il?

jeudi 5 mai 2011

Le gouffre de la couche

Ces dernières semaines ont été le théâtre de nombreux évènements politiques,  médiatiques  et sociaux tant sur la scène québécoise, canadienne qu’internationale. Pourtant je n’ai pas blogué.
Non pas que je n’ai rien eu à dire, ou à commenter (seul un isolement en QHS pourrait me réduire au silence…) mais je suis tombée dans le gouffre de la couche.
Le triangle des Bermudes de la mère.
Un trou noir qu’on emprunte fréquemment.
Des taches commencées jamais finies, des projets entamés jamais aboutis, des discussions décousues, la fameuse douche du matin prise en fin d’après midi, des amnésies partielles et temporaires.
Mais  surtout une grande frustration. Celle de ne rien accomplir.
Bref la porte d’entrée vers le baby blues, fameux euphémisme pour décrire la dépression post partum.
Alors ce matin je me suis interrogée sur l’accompagnement prévu pour les jeunes mères.
Que se passe t il a la sortie de la maternité après que le CSLC (centre de santé publique) ait téléphoné pour dépister une éventuelle dépression qui pourrait nuire… au lait maternel?
Rien
Nulle part.
Il n’est pas question ici de revenus d’assistance ou autre système de dépendance financière, mais de mentalités.
Rien n’est dit sur ce sujet que personne n’évoque. Seules les mères entre elles se font part de leur désarroi et les pères sont impuissants.
Et pourtant ce fléau touche toutes les mères quelle que soit leur catégorie socioprofessionnelle. Comment se fait il que des femmes sur lesquelles pèsent de lourdes responsabilités professionnelles se retrouvent dépassées par la routine de la maison et des soins portés à un bébé tandis qu’elles sont à même de jongler avec un emploi du temps chargé lorsqu’elles travaillent?
Les femmes auraient elles perdu le sens de la maternité à temps plein? L’émancipation féminine aurait elle eu un effet pervers sur la maternité? Devant briller dans tous les domaines et y exceller la femme ne subirait elle pas plutôt une pression sociale difficile à supporter?
La question n’est pas si anodine sous ses aspects « réflexion d’une maman à la maison » car de la réponse des femmes à ces pressions dépend le modèle de société de demain.
Pour celles qui cèdent à la pression c’est le retour à la maison accompagné souvent de regrets et de frustrations et à tout le moins de justifications permanentes sur leur choix. Et cette catégorie de mères fait le jeu de groupes sociaux-politiques qui prônent le retour de la femme à la maison.
Alors pourquoi les femmes sont elles si anxieuses du gouffre de la couche? Et pourquoi s’y effondrent-elles?
Donnez-moi votre avis
Les réactions d’hommes sont les bienvenues…