jeudi 19 mai 2011

Bonne Fête!

Non il ne s’agit pas de ma fête (quoi que ma fille a 3 mois aujourd’hui!) mais du titre d’un article que je voulais mettre en ligne il y a deux semaines…
Décidément le gouffre de la couche est abyssal..
« Bonne fête » portait sur la fête des mères et l’évolution de la condition de la mère, car finalement si le statut de la femme a évolué c’est surtout son aspect maternel qui a subi la plus importante transformation.
Ainsi le 8 mai dernier, le Canada célébrait toutes les mères
A cette  occasion quelques articles faisaient état dans la presse de la condition des mères aujourd’hui.
Si la plupart s’accordent à dire que le modèle traditionnel s’est profondément métamorphosé, certains sont même allé jusqu’à parler de guerre des mères.  Guerre entre la mère au foyer et la mère au bureau.
Je suis consciente qu’à la lecture de ces quelques lignes certaines et certains ont déjà lâché en se disant que mon congé maternité m’est monté à la tête et qu’il serait bien temps que je reprenne mon activité ou que je me concentre sur d’autres choses…(t’as pas du ménage à faire Myriam?Tu ne veux pas plutôt parler de DSK comme tout le monde?)
Certes.
Mais le sujet ne devrait pas être une préoccupation exclusive des femmes et des mères principalement. Il s’agit bien d’une question de société, du modèle de société que nous souhaitons. Et c est bien de cela dont il s agit dans ce blog, non? Et puis beaucoup d’études sont publiées sur le sujet or j’ai l’opportunité de vivre cette situation et de vouloir l’analyser de façon empirique, alors pourquoi pas?
Bon passons au cœur du sujet maintenant.
Mère au foyer ou mère au bureau? Ou si l’on accepte la question en ces termes : mère au service de ses enfants ou mère au service de sa propre ambition. Moi qui pensais qu’on avait avancé, je réalise qu’il n’en est rien.
Poser la question en ces termes renferme déjà en soi la réponse.
N’est-il pas possible de concilier les 2 options? De considérer qu’être une bonne mère passe par un épanouissement personnel?
Je lis (entre deux tétées…) beaucoup d’études réalisées et autres analyses faites sur la condition de la femme et bien évidemment le dernier livre d’Élisabeth Badinter (Le Conflit).
Cette dernière dépeint avec beaucoup de justesse les défis que les nouvelles mères doivent surmonter et la pression sociale qu’elles subissent. Chose intéressante, les femmes qui tentent de concilier les 2 aspects de leur féminité de façon équitable ne font pas l’objet de la plus grande attention.
Car finalement celles qui choisissent de se concentrer sur leur carrière et leur épanouissement personnel et celles qui décident de dévouer à l’éducation de leurs enfants ne subissent pas les mêmes contraintes que celles qui tentent de concilier les deux façons de vivre leur vie de femme.
Il est indéniable bien entendu que ces 2 catégories de femmes précitées subissent également une forte pression sociale qui condamne soit leur prétendu égoïsme, soit les dénigre pour leur soi-disant inactivité.
Mais la situation de celles qui veulent se battre sur tous les tableaux n’est pas plus enviable, car dans leur cas la pression sociale les contraint à exceller dans tous les domaines.
Et le pire c’est que cette pression est totalement intégrée par les femmes qui se considèrent investies d’une mission sacrée et se battent jusqu’à épuisement. Élisabeth Batinder les appelle les négociatrices. Celles pour qui chaque jour est un défi de temps, de compromis permanent. Celles qui arrivent aux fêtes d’école les dernières, le souffle court, persuadées d’avoir accompli un prodige, pensant déjà au retour au bureau et regardant d’un œil envieux celles qui, décontractées (au moins en apparence) occupent les premières places (car arrivées à l’heure) et qui partiront à la fin de la fête.
Celles qui ne peuvent être accompagnatrices pour les sorties de classes ou doivent prendre un jour de congé pour le faire en priant les microbes et autres bactéries friands des enfants de rester à distance de ses propres enfants non pas (uniquement) pour leur santé mais pour éviter de devoir s’absenter …
Ma génération issue des années 70 a pu être témoin privilégié de la toute première évolution des femmes. Il était totalement intégré que dans les écoles les filles étudient tout autant que les garçons afin de se préparer une carrière professionnelle indépendante de tout et tous.
Et c’est au niveau de cette génération que la situation a dérapé.
Qu’est ce qui a pris aux femmes de vouloir briller partout et de s’occuper de tout? Le projet féministe visait l’émancipation des femmes en leur offrant le choix de vivre les conséquences de leurs propres décisions, pas de les réduire en esclavage nerveux!
Et puis aujourd’hui face à ce constat dont je n’ai pas la primeur, pourquoi les organisations féministes ne prennent pas en charge cette question en cherchant des réponses? Pourquoi ne pas demander aux politiques de faciliter l’accès aux modes de (tout types de) garde d’enfants, dans les entreprises par exemple? L’équité salariale dont tout le monde parle, le quota de femmes dans les instances dirigeantes de la société (politique ou non), toutes ces questions devraient avoir pour objet de permettre aux femmes-mères de ne pas vivre cet état de choix cornélien permanent?
Car si toutes ces femmes baissent les bras et retournent à la maison pour s’occuper de leurs enfants exclusivement ou privilégient en mettant un terme à leur maternité, que se passera t il?

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